Contraception dite masculine

Partout dans le monde, ce sont principalement les femmes* qui sont en charge de la contraception. La plupart des hommes* ne partagent pas, ou peu, cette réflexion et la question n’est que très rarement abordée. Et pourtant, les hommes sont fertiles 24h/24 et 7j/7 contrairement aux femmes qui ne le sont que quelques jours par mois. Il est donc évident qu’ils devraient être tout autant responsables de leur fertilité que les femmes.

Alors que les gynécologues sont les références pour les femmes* en matière de contraception, il n’existe à l’heure actuelle que peu de professionnel·les clés et peu de consultations spécifiques pour les hommes*, ce qui les dépossède complètement de la question. Et pourtant, un partage des responsabilités présente de nombreux avantages et fait progresser notre société vers davantage d’égalité entre les individus. Il est important de permettre à chaque personne de maîtriser sa propre fertilité. Il existe déjà plusieurs moyens de contraception dite masculine qui sont fiables et médicalement validés tandis que d’autres encore sont en cours de développement et/ou d’évaluation.

Les professionnel·les de la santé (médecins, centres de planning familial, associations, …) sont également démuni·es face à cette thématique. En effet, il n’existe aucune formation sur le sujet. Non seulement cette situation les empêche de répondre de manière qualitative à leurs patient·es mais elles et ils ne savent généralement pas non plus où les réorienter.

Face à ces multiples zones d’ombre, O’YES et ses partenaires : Thoreme, la FCPPF, le Love Health Center et FEMMESProd, ont organisé le premier colloque sur la contraception dite masculine en Belgique : “Focus sur les couilles”.

ÉTAT DES LIEUX ET RÉFLEXION SUR LES CONTRACEPTIONS DITES MASCULINES

Il existe très peu d’enquêtes sur la contraception en Belgique. Toutefois, suite à la dernière enquête réalisée par Solidaris en 2017, 68% des femmes* déclarent utiliser un moyen de contraception en Belgique contre 33% des hommes*. Parmi ces hommes*, 60% citent le préservatif. D’autres chiffres intéressants sont à mentionner ainsi, une femme* sur deux se dit seule à décider de la contraception de son couple. Par ailleurs si 39% des hommes* se disent prêts à utiliser une contraception testiculaire, 31% sont opposés à cette contraception dite masculine. Du côté des femmes*, 51% d’entre elles seraient prêtes à laisser la charge mentale de la contraception aux hommes*, 21% cependant s’y opposent et 25% ne savent pas si elles accepteraient que la contraception de leur couple soit gérée par leur partenaire.

De manière générale, la satisfaction sur la contraception diminue ces dernières années, principalement au sujet du préservatif externe passant de 88% à 76% ainsi que la pilule passant de 89% à 84%. La charge de la contraception est de plus en plus discutée au sein des couples. Avec l’âge, les hommes* s’estiment de moins en moins impliqués dans la contraception du couple alors que ce taux ne varie pas fondamentalement avec l’âge parmi les femmes*.

Les méthodes déjà existantes

Technique du retrait : 

Cette méthode consiste à retirer le pénis du vagin avant l’éjaculation. Elle n’est pas complètement fiable pour éviter une grossesse. En effet, il est difficile de contrôler son éjaculation pendant le rapport sexuel et même lorsque cela est le cas, des spermatozoïdes peuvent être présents dans le liquide pré-éjaculatoire (la petite goutte). Une grossesse est, dès lors, possible. 


Préservatif externe (préservatif “masculin”) : 

Il s’enfile sur un pénis en érection avant la pénétration et empêche ainsi les spermatozoïdes d’entrer en contact avec un ovocyte. À usage unique, il est facile à trouver et accessible à tout le monde. De plus, il a l’avantage d’éviter les Infections Sexuellement Transmissibles (IST).


Vasectomie : 

Il s’agit d’une technique de stérilisation masculine très fiable considérée comme définitive. Les canaux déférents transportant les spermatozoïdes des testicules à la prostate sont sectionnés ou bouchés de telle manière que le sperme ne contient plus de spermatozoïdes. La vasectomie n’a aucune influence sur la qualité de l’érection, ni sur la libido.Une fois l’opération effectuée, il faut attendre que tous les spermatozoïdes disparaissent (3 à 6 mois). Dès lors des spermogrammes (examens permettant l’analyse des spermatozoïdes) réguliers seront effectués.


Injections hormonales :

Cette méthode, réversible, consiste en des injections hebdomadaires ou en injection tous les 3 mois dans le muscle. Uniquement pour les personnes de plus de 45 ans. Il n’existe pas un médicament dont l’indication spécifique concerne la contraception hormonale mais il s’agit de l’utilisation détournée d’un autre médicament.

Contraception thermique :

La contraception thermique consiste en une augmentation de la température des testicules rendant ainsi les spermatozoïdes inactifs. Cette méthode existe depuis très longtemps mais n’a pas fait l’objet de beaucoup d’études. 

Ces dispositifs doivent être combinés à des spermogrammes réguliers afin de s’assurer de leur efficacité. 

Le slip “Remonte-Couilles Toulousain” : consiste à faire passer le pénis et le scrotum (la peau qui entoure les testicules) à travers un anneau sur l’avant du slip. Avec cette technique, les testicules se rapprochent du corps, ce qui augmente leur température de quelques degrés, rendant les spermatozoïdes inactifs. Cette méthode est réversible.  Il doit être porté 15h/jour. Efficace après environ 3 mois d’utilisation. Le spermogramme permettra de vérifier cette efficacité. Peu coûteux pour les plus doué·es en couture.


L’AndroSwitch® (anneau thermique) suit le même principe : le pénis et le scrotum sont passés dans un anneau en silicone. Il doit être porté 15h/jour. Efficace après environ 3 mois d’utilisation. Le spermogramme permettra de vérifier cette efficacité. Cette méthode est également réversible et coûte environ 40 euros.


SpermaPause® (Slip chauffant) est un caleçon doté d’une compresse thermique qui réchauffe les testicules à 41°c rendant les spermatozoïdes inactifs. Il doit être porté environ 3h/jour. Cette méthode semble réversible mais n’a été que peu étudiée. Le dispositif (2 caleçons, 1 compresse chauffante et 1 batterie) coûte 95€. 

Les méthodes en cours d’étude

Vasalgel : il s’agit de l’injection d’un gel dans les canaux déférents qui empêcherait le passage des spermatozoïdes. Cette méthode serait réversible mais elle est n’a actuellement été testée que sur l’animal.


RISUG : Reversible Inhibition of Sperm Under Guidance : il s’agit d’un gel aux propriétés spermicides injecté au sein des canaux déférents. Ce gel bloquerait la progression des spermatozoïdes et provoquerait une altération de ces derniers en les empêchant de remplir leur rôle de fécondation. Cette méthode serait réversible. Développée depuis plus de 20 ans en Inde, cette technique en est à sa phase III d’essais cliniques.


Méthodes hormonales : la pilule et le gel hormonal en sont encore aux phases expérimentales. Pour la pilule, un avenir prometteur est assuré selon les chercheurs.